Une enfance heureuse

Il était une fois (comme dans toutes les histoires) un marchand qui avait pour femme la plus belle et la plus douce des créatures. Longtemps il l'avait admiré de loin, sa fortune n'étant pas encore faite, il craignait de lui faire miroiter des trésors encore lointains. Mais à cette époque, les affaires marchaient bien et quelques années plus tard, il osa timidement lui demander sa main. Elle aussi l'avait observé de loin et la discrétion du jeune homme à son égard l'avait touché. Ses sentiments avaient grandis et c'est pourquoi elle accepta sa demande avec joie. Les années passèrent dans la joie et la tendresse, et un beau jour l'enfant qu'ils attendaient tant vint couronner leur amour. Ils lui donnèrent le nom de Ella, ce qui lui allait comme un gant. Elle n'était pas une princesse en titre mais néanmoins ses richesses étaient précieuses. Elle possédait la beauté, l'intelligence et plus encore la bonté. Des présents rares et d'autant plus précieux qu'ils ne s'achétent pas. On ne peut pas les saisir mais ils se montrent à quiconque est digne de les voir. Le père continuait ses affaires, ce qui l'obligeait à s'absenter parfois de longs mois, mais toujours il revenait chez lui. En l'attendant, Ella vivait une enfance heureuse faite de rire et de chanson. Elle n'aimait rien tant que prendre soin des animaux autour d'elle et courir dans l'herbe fraiche. Les chaussures paraissaient disparaitre dès qu'elle en retirait ses pieds, et de ce fait elle était toujours pieds nus. Peu lui importait tant que son petit monde était heureux et en bonne santé. En grandissant elle devenait le portrait de sa mère, même cheveux ondulés blonds et même regard brun chaleureux. Ses meilleures amies étaient les souris, celles qui habitaient le mur de sa chambre et qui faisait hurler Flora la cuisinière. Mais elle avait consigne de les laisser en vie et s'y appliquait avec parfois mauvaise humeur. Mais pour le reste, elle était parfaite, et elle adorait sa petite maitresse. Ce jour là, il y avait exactement un mois que le marchand était parti, et il avait annoncer dans sa dernière lettre son retour pour bientôt. De plus il commençait à manquer à Ella qui attendait de pied ferme son retour. C'est pourquoi elle bondit de sa chaise en entendant le pas pressé du cheval sur les graviers du chemin. "Papa est de retour !" cria t elle en dévalant les escaliers pour avertir sa mère. Cette dernière embrassa sa fille en riant puis la poussa dehors. Aussitôt elle se jeta dans les bras de son père, rien d'autre ne comptait. En s'écartant elle posa les yeux sur un petit et fin paquet de son père. "Qu'est ce que c'est?" demanda t elle. Le père fit mine de ne pas savoir et lui tendit le paquet. "Je l'ai trouvé dans un arbre" dit il en souriant. Ella secoua la tête, son père la taquinait toujours, mais il ne manquait jamais de rapporter à sa fille un présent de ses voyages à l'étranger. Dans celui ci elle découvrit un délicat papillon mauve sur une tige dorée. "En italien ça se dit farfalla" lui expliqua t il, ajoutant au vocabulaire italien déjà rempli de sa fille ce joli mot. Puis il embrassa son épouse avec tendresse et tous ensemble ils rentrèrent dans leur maison. Oui décidement c'était bien une enfance heureuse.