Il etait une fois Cendrillon

Le lendemain comme prévu, le père attela le chariot et accompagné de John le fermier il s'éloigna. Ella lui tint la main jusqu'a ce qu'elle ne puisse plus courir derrière lui, puis elle fit des grands signes d'au revoir alors que le chariot disparaissait déjà. "Je vous aime !" cria t elle dans le vent . Puis les larmes aux yeux, elle rentra chez elle. Sa belle mère était assise sur un luxueux sofa récemment acquis, comme si elle avait toujours été la maîtresse des lieux. En voyant passer sa belle fille, elle lui fit signe d'approcher. "Ella très chère" l'interpella t elle. La jeune fille s'assit à ses cotés et sa belle mère la serra brièvement contre elle. Touchée par cette marque si rare d'affection, elle s'empressa de sécher ses larmes et esquissa un sourire contrit. Leur tristesse commune allait peut être finir par les rapprocher. "Allons il ne faut pas pleurer, sèche donc ces larmes" dit Madame de Tremaine en lui tamponnant les yeux. "Oui belle maman" répondit Ella qui ne voulait pas contrarier sa belle mère. Cette dernière changea brièvement d'expression, avant de lui sourire de nouveau. "Ne m'appelle pas ainsi, Madame c'est bien mieux" dit elle sans cesser de sourire. "Ah c'était donc ça" se dit Ella en ne sachant que répondre. Elle fut distraite par le passage de Javotte et Anastasie qui se disputaient. Les insultes fusaient, il y en avait pour tout les goûts. "Ah ça te plairait d'être fille unique ! " tonnait Javotte tandis qu'Anastasie lui répliquait qu'elle "n'avait qu'a se faire plus petite !". Leur mère les regarda avec affection, elle avait l'air de les trouver parfaite comme ça. Puis elle se retourna vers Ella, une idée bien précise dans le regard. "Javotte et Anastasie ont toujours eu la même chambre, elles doivent trouver la leur un peu trop étroite" susurra elle, laissant ses mots faire leur chemin dans le coeur pur d'Ella. Et cela fit mouche, elle proposa immédiatement de luir offrir sa chambre. "C'est la plus grande après la votre et celle de mon père, peut être conviendrait elle davantage. Je pourrais m'installer..." commença t elle avant d'être coupé par sa belle mère. "Dans le grenier, exactement" termina celle ci avec un sourire satisfait. Ella n'en revenait pas, "Dans le grenier? " répéta la jeune fille sans voix. La belle mère lui expliqua que ce serait provisoire "le temps que les autres chambres soient redécorées". Mais lorsqu'elle lui tendit tout le bric a brac qui régnait jadis sur le bureau de son père, elle su que ce serait tout sauf provisoire. Mais elle ne dit mot, faisant appel au souvenir de sa promesse d'être gentille et courageuse, même si c'était parfois très difficile. Puis elle poussa la porte du grenier, et commença à grimper les marches. Personne n'avait du y aller depuis des années, les marches grinçaient et il y faisait un froid glacial. Mais en ce jour d'été, cela lui sembla agréable. Elle posa ses affaires et ouvrit la fenêtre. Le soleil pénétra dans la pièce avec douceur. Puis elle retourna une vieille chaise longue, il lui servirait de lit. Dessous elle découvrit ses amies les souris ! "Vous êtes là ! C'est ici votre chambre? C'est la mienne aussi" dit elle avec un sourire bienveillant. Son avenir ne lui paraissait plus si sombre, après tout elle n'était pas seule dans ce grenier. "Et ici personne ne viendra me déranger. Pas de chat et pas de demies soeurs" termina t elle en refermant la porte de sa nouvelle chambre. 

La belle mère pénétra la première dans les lieux, passant la main de ci de là sur un objet, un souvenir qui lui était encore inconnu. Puis elle daigna regarder son nouvel époux. "J'ignorais que vous aviez une fille aussi ravissante" minauda t elle en souriant. Le père en aurait rougi de plaisir, sa fille était le portrait de sa mère et sa plus grande fierté. "Oui elle ressemble..." commença t il avant de s'arrêter, craignant d'offenser sa nouvelle épouse. "A sa mère, cela est évident" termina t elle avec un sourire courtois. Le père lui rendit un regard reconnaissant. Ses filles ne tardèrent pas à commenter le manque de décoration, sous le regard amusé de leur mère, qui a l'occasion les réprimandait gentiment. Mais a peine installée elle eu en tête de redécorer toute la maison familiale . Puis celle d'inviter tout le village, du moins les bourgeois à visiter les lieux, pour "maintenir leur rang social". Ella regardait tout ça de loin, préférant la compagnie de son père ou de ses amies souris. Ce soir là encore il y avait fête, mais Lucifer avait décidé de faire son propre festin. Il surveillait le dessous de la commode, attendant qu'une souris sorte pour la dévorer. C'était compter sans Ella qui l'attrapa et lui commanda d'aller manger ailleurs. "Entre filles il faut s'entraider" dit elle à Jacqueline sa souris en lui faisant un clin d'oeil. Puis elle rejoignit son père dans son bureau. "Vous ne participez pas à la fête?" l'interrogea t elle en s'asseyant en face de lui. Plongé dans ses comptes, il répondit que cela devait être comme les autres, et qu'il partait de bonne heure le lendemain. Ella était déçue, il venait de revenir de voyage et devait déjà y repartir. "Ce ne sera que pour quelques mois. Tes demies soeurs m'ont demandé de la dentelle et une ombrelle, et toi que veux tu?" demanda t il en lui souriant. "La première branche qui frôlera votre épaule sur le chemin. Vous la gardrez durant tout le voyage, et quand vous la rapporterez ce sera que vous êtes revenu, et moi c'est tout ce qui m'importe. Que vous reveniez à la maison" répondit elle les larmes aux yeux. La fête battait son plein dans la pièce d'à coté, mais Madame de Tremaine était sortie pour parler à son mari et elle surprit leur conversation. "Ella tu dois me promettre d'être gentille avec ta belle mère et tes demies soeurs, même si c'est très difficile parfois. Tu as le courage et la bonté de ta mère, et même si on ne la voit pas elle est toujours là. Elle est l'âme de cette maison et nous devons être fort, pour elle" lui expliqua t il prêt à pleurer lui aussi. "Elle me manque, et vous?" avoua t elle en laissant couler une larme. Le père laissa lui aussi échapper quelques larmes et avoua qu'elle lui manquait "énormément". Puis ils s'enlacèrent avec tendresse, pleurant sur l'épaule l'un de l'autre. Derrière la vitre d'ou elle avait écouté, Madame de Tremaine s'était crispée. Ainsi il n'avait pas oublié sa femme, elle même n'était rien de plus que la nouvelle épouse pour lui. Elle se sentait blessée et trahie par cet homme, et elle regrettait son défunt mari qu'elle avait tant aimé. Puis elle quitta le couloir et retourna à sa fête, mais elle n'avait rien oublié. Au contraire. 

Pendant des semaines, Ella pensa a sa future rencontre avec sa belle famille. "Comment me trouvez vous? Vous croyez que ça leur plaira?" demandait elle ce jour là en virvoltant dans sa chambre. Elle portait sa robe bleue préférée, et elle espérait faire bonne impression aux nouvelles arrivantes. Les souris approuvèrent son choix en poussant des couinements de joie, leurs museaux dressés vers le ciel. Ella pouffa de rire, ses amies semblaient vraiment la comprendre. Soudain le bruit d'un carrosse ébranla les murs, elles étaient enfin là ! "Ai du courage et sois gentille" se dit elle, puis elle dévala les marches de l'escalier pour rejoindre son père. Il était sur le pas de la porte, attendant sa fille pour accueillir les nouvelles arrivantes. Lorsque la portière s'ouvrit, elle aperçu ce qui devait être ses "soeurs" Javotte et Anastasie. La première portait une toilette jaune caramel fleurie et sa soeur l'identique en rose bonbon. La mode devait être bien différentes chez elles, mais Ella ne s'en formalisa pas, peut être étaient elles très sympatiques. "Tu as de beaux cheveux" commença par la complimenter Anastasie. "Merci" la remercia Ella en se félicitant d'avoir cru en sa nouvelle famille. "Tu devrais les coiffer" répliqua Javotte, qui sans contredire sa soeur, se montrait beaucoup moins accueillante. La jeune fille ne répliqua par ailleurs pas, ne sachant si il s'agissait d'une remarque désobligeante ou simplement d'une banalité concernant sa coiffure moins élaborée que la leur. Elle proposa donc de leur faire visiter sa maison. Mais leur réponse fut masquée par la descente de carrosse de Madame de Tremaine, et de son chat Lucifer qui la suivait avec paresse. C'était une femme élégante, portant encore avec sa jupe et son jabot noir le deuil de son défunt mari. Mais sa beauté n'en était en rien altérée . Elle passa devant Ella et ses filles sans leur accorder un regard et pénétra dans la maison. Le père lui sourit puis il vint s'enquérir de l'avis d'Ella. Elle lui rendit son sourire en hochant la tête en signe d'assentiment, mais elle savait déjà que cette nouvelle famille n'était pas ce qu'elle avait espéré. "Sois courageuse et bienveillante" se dit elle, puis elle rentra dans la maison et referma la porte sur sa nouvelle vie. 

Les jours, puis les mois puis les années passèrent. La peine laissa place aux souvenirs des jours heureux qu'ils avaient vécus tous ensemble. Ella resta profondément la même qu'avant, gardant un point d'honneur à tenir sa promesse. Elle restait courageuse en se levant très tôt pour aider les domestiques et bienveillante en prenant soin de tous les animaux du jardin. Son père lui avait bien changé, la tristesse l'avait obligé a restreindre ses déplacements à l'étranger et il rechignait a quitter son bureau ou sa maison. Ella espérait qu'il reprenne ses affaires car elle n'aimait pas le voir ainsi. Il parlait plus volontier de sa femme qu'avant, racontant à sa fille les anecdotes de leur vie avant sa naissance ou les moments heureux qu'ils revivaient ensemble jusqu'a en avoir  les larmes aux yeux. Un beau jour ou elle lui lisait les journal de Mr Pepys, il prit l'air grave. "Ella j'ai pensé qu'il était peut être temps de commencer un nouveau départ" dit il en sondant sa réaction. Elle n'était pas certaine de comprendre, aussi le laissa t elle continuer. "Te souviens tu qu'au cours d'un de mes voyages, j'avais fais la rencontre de Sir Francis Tremaine?" lui demanda t il . Ella réfléchit, tentant de remettre un souvenir sur ce nom. "Oui...C'est le directeur de la guilde des marchands de tissus" répondit elle hésitante. Le père prit l'air embarassé, il sentait que le grand moment arrivait. "était...le pauvre homme est mort hélas" répondit il . La jeune fille en fut attristée, elle avait ressentait déjà une profonde empathie pour sa famille, si il en avait. Mais le père n'en avait pas terminé, si il avait parlé de cet homme, ce n'était pas un pur hasard. "Sa veuve est une femme honorable, dans la fleur de l'age..." hasarda t il en espérant que sa fille ne lui en tiendrait pas rigueur. Ella comprit immédiatement ce qu'il en était, son père désirait auprès de lui une nouvelle épouse, une dame. "Et il le mérite" pensa t elle, malgré que des images de sa mère remonte soudain à la surface. "Si cela peut contribuer à votre bonheur" répondit elle en souriant. Le père lui rendit son sourire, il était soulagé que sa chère enfant ne se formalise pas de sa décision. "Oui le bonheur, crois tu que j'y ai encore le droit? Même si je croyais ce chapitre clos pour toujours" lui demanda t il . Ella avait un coeur plus grand et généreux que beaucoup de personne, c'est pourquoi elle répondit que cela allait de soi, si cela pouvait le rendre heureux. "Elle ne sera que ta belle mère et tu auras deux adorables soeurs pour te tenir compagnie. Ne t'en fait pas, elle ne remplacera pas ta mère" dit il en la serrant contre lui. Cette nuit là, elle s'endormit en pensant à la nouvelle famille qu'il allait bientôt former. C'est ce qu'elle voulait et c'était ce que sa mère aurait voulu pour lui. "Ai du courage et sois gentille" pensa t elle en souriant

La vie ne pouvait pas être plus belle que dans cette maison. Mais hélas le bonheur ne peut durer éternellement, et bientôt il vint frapper la paisible demeure. Depuis quelques temps la mère gardait la couche, elle était fatiguée plus que d'ordinaire et ne pouvait plus assumer son lot de charge quotidienne. Le père quand à lui ne partait plus en voyage, prétextant attendre le rétablissement de son épouse. "Elle dit avoir le rhume des foins, rien de grave" expliquait il à sa fille ce jour là. Ella hocha la tête pour rassurer son père, mais la lueur d'inquiétude qui avait traversé son regard ne lui avait pas échappé. Chaque jour elle rendait visite à sa mère, lui apportant une tasse de thé ou encore des fleurs fraîches. Les visites du médecin se faisaient plus proches les une des autres, et Ella espérait toujours qu'il trouverait la dernière décoction qui rendrait à sa mère sa vivacité. Jusqu'au jour ou tout bascula. L'homme de science sortait tout juste de la pièce suivi du père, et elle entendit très distinctement les mots "je suis désolé". Elle pressentit alors ce qui l'attendait. Les larmes aux yeux, elle pénétra dans la pièce ou sa mère l'attendait. Elle qui avait toujours été un modèle de santé, n'était plus que l'ombre d'elle même. La bague en rubis qu'elle ne quittait jamais semblait prête à glisser de son doigt, et lorsqu'elle essaya de se redresser, sa tête retomba doucement sur l'oreiller. "Approche ma chérie, je dois te dire quelque chose" murmura t elle en souriant faiblement. La fillette s'approcha, tentant de dissimuler ses larmes, inutile d'inquiéter sa mère davantage. "Ma chérie je partirai bientôt, mais avant je veux te dire un secret, un très grand et précieux secret . Il t'aidera à traverser toutes les épreuves de la vie." commença t elle avec un sérieux déconcertant. "Ai du courage et sois gentille, c'est une source de magie plus puissante que tu le crois" dit elle en regardant sa fille avec amour. A présent les larmes coulaient librement sur les joues de la fillette, comment croire en la magie quand une personne qu'on aime part si tôt. "De magie?" l'interrogea t elle la voix enrouée par les pleurs. Sa mère hocha la tête, elle avait toujours cru en la magie de l'amour et de la bonté. "Il faut me le promettre Ella" insista t elle. "Je vous le promet" répondit elle avec courage. La mère leva les yeux sur sa petite famille, elle ne voulait pas les quitter. "J'espère que tu me pardonnes" prononça t elle les larmes aux yeux à présent. "Bien sur que je vous pardonne" sanglota la fillette en la serrant contre elle, puis le père les entoura de ses bras et ils restèrent là un long moment. Quelques jours plus tard, elle s'éteignit à jamais, mais son coeur et sa promesse restèrent encore longtemps dans la maison. 

Il n'y avait donc pas plus heureuse que cette fillette là. Sa maison était un havre de paix et un berceau d'amour constant. Chaque jour elle descendait dans le jardin pour y distribuer la ration quotidienne des oies, volailles et oiseaux de passage. Parfois elle avait la visite de ses amies les souris comme Jacqueline et son ami Gus Gus le gourmand, ce dernier faisant parfois semblant d'être un rat des champs pour "voler" quelques grains. Ella leur parlait comme elle le ferait avec des humains, pour elle il n'y avait aucune différence. Assise dans l'herbe, sa mère l'observait avec tendresse, des aigrettes de pissenlit dans les cheveux. La petite fille remarqua la beauté de sa mère, et elle en fut ravie. "Elle ressemble aux fées des livres" pensa t elle en s'avançant vers elle. Sa mère l'entendit parler avec ses souris et lui demanda "tu crois qu'elles comprennent?". La fillette ouvrit des grands yeux surpris, jamais elle ne s'était posé la question. "Ils ne comprennent pas ce qu'on dit?" lui demanda t elle un peu déçue. La mère sourit, sa fille avait un coeur bien assez immense pour tout comprendre. "Bien sur que si, les animaux parlent et nous comprennent, encore faut il tendre l'oreille. Nous prenons soin d'eux" murmura t elle en lui caressant la tête. Ella soudain se demanda qui prenait soin des humains, elle n'osait formuler l'hypothése qui lui venait à l'esprit. Mais sa mère savait exactement ce qu'il en était. "Les fées ma chérie, nos bonnes fées veillent sur nous comme nous sur les animaux" s'exclama t elle en regardant alentours. La fillette était émerveillée, ainsi sa mère croyait à ces créatures comme elle ! "Moi je crois en tout" dit la mère, puis elle ramassa son panier de fleurs et elle rentra pour préparer le dessert favoris de son mari et de sa fille. Une tarte à la citrouille. Lorsque le père entra dans sa demeure, il y trouva l'odeur appétissante du dessert tout juste cuit, et ses deux seuls trésors dans la cuisine. Car pour lui il n'y avait point de bein plus précieux que sa femme et sa fille . Et il gardait l'espoir que toujours ils resteraient ainsi. Juste pour croire en tout. 

Il était une fois (comme dans toutes les histoires) un marchand qui avait pour femme la plus belle et la plus douce des créatures. Longtemps il l'avait admiré de loin, sa fortune n'étant pas encore faite, il craignait de lui faire miroiter des trésors encore lointains. Mais à cette époque, les affaires marchaient bien et quelques années plus tard, il osa timidement lui demander sa main. Elle aussi l'avait observé de loin et la discrétion du jeune homme à son égard l'avait touché. Ses sentiments avaient grandis et c'est pourquoi elle accepta sa demande avec joie. Les années passèrent dans la joie et la tendresse, et un beau jour l'enfant qu'ils attendaient tant vint couronner leur amour. Ils lui donnèrent le nom de Ella, ce qui lui allait comme un gant. Elle n'était pas une princesse en titre mais néanmoins ses richesses étaient précieuses. Elle possédait la beauté, l'intelligence et plus encore la bonté. Des présents rares et d'autant plus précieux qu'ils ne s'achétent pas. On ne peut pas les saisir mais ils se montrent à quiconque est digne de les voir. Le père continuait ses affaires, ce qui l'obligeait à s'absenter parfois de longs mois, mais toujours il revenait chez lui. En l'attendant, Ella vivait une enfance heureuse faite de rire et de chanson. Elle n'aimait rien tant que prendre soin des animaux autour d'elle et courir dans l'herbe fraiche. Les chaussures paraissaient disparaitre dès qu'elle en retirait ses pieds, et de ce fait elle était toujours pieds nus. Peu lui importait tant que son petit monde était heureux et en bonne santé. En grandissant elle devenait le portrait de sa mère, même cheveux ondulés blonds et même regard brun chaleureux. Ses meilleures amies étaient les souris, celles qui habitaient le mur de sa chambre et qui faisait hurler Flora la cuisinière. Mais elle avait consigne de les laisser en vie et s'y appliquait avec parfois mauvaise humeur. Mais pour le reste, elle était parfaite, et elle adorait sa petite maitresse. Ce jour là, il y avait exactement un mois que le marchand était parti, et il avait annoncer dans sa dernière lettre son retour pour bientôt. De plus il commençait à manquer à Ella qui attendait de pied ferme son retour. C'est pourquoi elle bondit de sa chaise en entendant le pas pressé du cheval sur les graviers du chemin. "Papa est de retour !" cria t elle en dévalant les escaliers pour avertir sa mère. Cette dernière embrassa sa fille en riant puis la poussa dehors. Aussitôt elle se jeta dans les bras de son père, rien d'autre ne comptait. En s'écartant elle posa les yeux sur un petit et fin paquet de son père. "Qu'est ce que c'est?" demanda t elle. Le père fit mine de ne pas savoir et lui tendit le paquet. "Je l'ai trouvé dans un arbre" dit il en souriant. Ella secoua la tête, son père la taquinait toujours, mais il ne manquait jamais de rapporter à sa fille un présent de ses voyages à l'étranger. Dans celui ci elle découvrit un délicat papillon mauve sur une tige dorée. "En italien ça se dit farfalla" lui expliqua t il, ajoutant au vocabulaire italien déjà rempli de sa fille ce joli mot. Puis il embrassa son épouse avec tendresse et tous ensemble ils rentrèrent dans leur maison. Oui décidement c'était bien une enfance heureuse.